Vikings : des similitudes entre le christianisme et le paganisme nordique

Ludovic Baluro
9 min readMay 23, 2018

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Puissent les chrétiens me pardonner si par ces mots (et l’image ci-dessus) je pêche à leurs yeux. Je n’ai jamais réellement su m’empêcher de rester silencieux face à cette religion, le christianisme, qui au fil des âges prospère dans le travestissement, par le révisionnisme historique. Chaque jour, cette vérité-là se dévoile au grand public. Quoique, les voiles tombent depuis déjà des lustres, et parfois même du fait de grands noms chrétiens. Mais ce n’est pas cela qui empêchera les gens de continuer de croire, car en vérité ils en ont besoin. Et le but de ce papier n’est pas tant de d’inciter aux gens de ne plus croire en leur religion, car ils y croiront toujours.

Au cours des deux dernières semaines je me suis mis, pour m’évacuer des difficultés quotidiennes, à regarder la série canado-irlandaise Vikings. Les avis sur cette production que j’eus lus vantaient la qualité de la série ; notamment sur son réalisme historique (vraisemblable), et particulièrement le personnage principal : Ragnar Lothbrok. Si l’histoire des péripéties de Ragnar, de ses épouses à ses enfants en passant par ses raids, continue d’être remise en cause par les historiens, des preuves de son existence persistent. Et avec elles, celles du conflit entre religions, de la Norvège en Francie dans le VIIIe siècle de notre ère. Ce conflit a été intensément mis en avant par les réalisateurs de la série. Vikings est un véritable chef-d’œuvre. J’ai été sublimé par la manière dont les déités sont abordées : des similitudes relevées par Athelstan entre Jésus-Chrisst et Odin à la stupéfaction de Floki face aux musulmans d’Algeciras.

Ainsi, de cette série on apprend une chose essentielle : le christianisme de cette époque a de forts traits de ressemblance avec le paganisme des pays d’Europe du Nord. Le dieu chrétien (Jésus-Christ) est ressemblant aux dieux vikings, ou tout au moins à Odin (aussi appelé le père de tout).

Odin, the Alfather. © Linda Crowell, Pinterest. Cette image d’Odin devrait vous faire penser à quelqu’un d’autre que Fetty Wap.

La nature pré-chrétienne ou païenne du christianisme actuel

La série Vikings commence véritablement avec l’entrée en scène d’Athelstan. Cet homme est celui par qui tout bascule idéologiquement dans la tête des personnages centraux de cette série. A l’épisode 6 de la deuxième saison, le roi Egbert l’interroge sur les divinités scandinaves :

- Et leurs dieux… Odin.. et Thor, et Freya… Comme ils ont dû te paraître étranges.

- A certains égards en effet. D’un autre côté…

- D’un autre côté…?

- Leurs divinités sont très anciennes. Et parfois je ne pouvais m’empêcher de remarquer des ressemblances qui existaient entre elles, notre Dieu et son fils.

Athelstan relève ici le caractère ancien des dieux de Ragnar comparés à l’homme-dieu chrétien, Jésus-Christ. D’ailleurs Jésus-Christ n’a pas toujours été un homme-dieu ou d’une essence assimilé à son père. Entre 337 et 379 de notre ère le christianisme officiel était arien, de l’arianisme. L’arianisme est une idéologie qui soutient que le Fils n’est pas de la même nature que le Père, c’est-à-dire divine. Jésus-Christ ne saurait donc être, selon l’arianisme, d’essence divine comme Dieu son père ; parce qu’il est créé et fini, a une nature corporelle contrairement à Dieu qui est incréé et infini. Cette idéologie a dominé le christianisme pendant plus de quatre décennies.

Nonobstant cela, les similitudes qui existent entre les uns et l’autre demeurent et sont autant alarmantes sur l’authenticité de l’existence de Jésus-Christ. Historiens et anthropologues n’ont pas ménagé de recherches pour savoir si réellement Jésus-Christ a existé. En résultat de cette quête, il s’avère que Jésus-Christ est une compilation de légendes, de héros, de dieux et hommes-dieux. Il serait long ici d’entrer dans le détail de chaque dieu qui a contribué à façonner le personnage, et d’avec lesquels ressortent désormais des similitudes. Toutefois, nos procèderons ici à quelques exemples à travers ce tableau.

Source : http://www.bible.chez-alice.fr/prophete.htm

S’agissant particulièrement d’Odin, le dieu borgne (qui voit de l’oeil droit, côté de la Connaissance), la mythologie nordique nous apprend qu’il s’est pendu à l’arbre monde Yggdrasil afin de sacrifier son “moi inférieur” et ainsi permettre à son “moi divin”, son essence véritable, d’émerger et de “croître”. Parcourant le blog de Nout je découvre aussi que ce sacrifice est représenté par une carte du tarot de Marseille : le Pendu.

“On remarque sur cette arcane, la position des jambes du personnage qui ressemble à une sorte de 4. Ce chiffre est lié au symbole de la croix, de la mise à l’épreuve dans la matière. Or, si l’on fait le lien avec le mythe nordique, on aperçoit la rune Thurisaz.

Cette rune est considérée comme l’épine dans l’arbre et symbolise en quelque sorte les affres de l’incarnation. Ce qui n’est guère éloigné de la problématique du 4 et de la croix. Elle porte en elle-même la force primordiale qui doit être maîtrisée et transmutée. C’est un symbole guerrier (marteau de Thor dieu de l’orage) qui mène à la libération.”

Toujours en guise d’illustration, nous pouvons citer un texte du Kalévala (ensemble des mythologies et épopées ougro-finnoises), d’une antiquité pré-chrétienne, traduit par J-M Crawford où l’on trouve la légende tout entière de la Vierge-Marie en Mariatta, enfant de beauté, Vierge-Mère des Terres nordiques.

“Ukko, le grand Esprit, dont la demeure est en Tûmala (le Ciel ou le Paradis) choisit comme véhicule la Vierge Mariatta, pour s’incarner par elle Homme-Dieu. Elle devient enceinte en cueillant et en mangeant une baie rouge (marja) ; répudiée par ses parents, elle donne naissance à un “fils immortel” dans la crèche d’une étable. Ensuite le Saint Enfant disparait et Mariatta se met à sa recherche.”

Ce n’est ici qu’une partie du récit mais l’on voit déjà clairement des ressemblances entre cette histoire et les écrits bibliques qui présentent la naissance de Jésus-Christ. Pour rappel, la Finlande est un pays d’Europe du Nord. Athelstan aurait été encore plus surpris si on lui avait conté cette histoire. Fervent chrétien, et surtout ouvert d’esprit, il se serait posé les questions que certains d’entre vous se posent actuellement sur la véritable origine de la Vierge Marie.

“Mais où sont leurs dieux? Je n’en vois aucun, pourtant ils prient avec tant de ferveur.”

A l’épisode 5 de la saison 5 de la série, Bjorn accompagné de Hvitserk, Rollo et Floki, entreprennent de découvrir les terres d’Espagne et accostent à Algeciras. Ils pillent, tuent, et prennent tous les trésors à portée de vue. Floki, se déplaçant d’une démarche aussi élégante que nonchalante, entend le son d’une voix harmonieuse qui se diffuse dans l’air. Il s’arrête quelques secondes, tend son oreille gauche pour en détecter l’origine. Il la trouve, elle vient d’un édifice dont le sommet est de forme ovale : il s’agit d’une mosquée. Il s’avance avec précaution, comme envahi par des doutes que lui-même ignore. Il entre dans la mosquée, trouve des musulmans en pleine prière qui ne se sont pas laissés distraire un instant par sa présence. D’autres compagnons le rejoignent, et demandent ce qu’il fait. Il observait ces prieurs avec étonnement.

“- Mais qu’est-ce que c’est que cet endroit?

- C’est leur temple. répondit Floki. Mais où sont leurs dieux? Je n’en vois aucun, pourtant ils prient avec tant de ferveur. continua-t-il.”

Cette dernière question mérite une grande attention. Floki était là face à quelque chose d’absolument inattendue, d’insoupçonnée, à tel point qu’il a interdit ses compagnons de ne tuer aucune des personnes qui se trouvent dans ce temple. Tant de ferveur dans leur prière l’a marqué, surtout qu’il ne voyait pas les dieux que ces gens priaient. Il ne voyait pas là ce qu’il a vu chez les chrétiens, ce qu’ils a vu chez lui : des statues devant lesquelles forcément on prie. Dans le même temps, au cours de cet épisode, je faisais avec lui ces mêmes constats et me rendit compte qu’aujourd’hui encore on peut constater cette ferveur pendant les prières dans les mosquées.

A ce niveau il faut dire que le christianisme et le paganisme scandinave sont bien ressemblants. Les chrétiens prient tous devant des représentations, tout comme les vikings. Ces représentations sont celles des divinités, ou du moins des personnages qui s’en rapprochent : les intercesseurs. Chez les catholiques auxquels le peuple de Floki faisait face, la statue de la Vierge Marie est présente partout. En plus de cette statue, la croix où se représente Jésus-Christ est accrochée sur le mur de toutes les églises. Chose curieuse quand on sait que le peuple de Floki est qualifié de païen car il vénère des idoles. C’est le pain qui se fout de la farine…

Cependant, lechristianisme originel, aussi dit primitif est exempte de tout ce qui se rapproche au paganisme. Ainsi, les premières messes chrétiennes étaient faites à l’image de la Cène (le dernier repas de Jésus). C’étaient des “repas consacrés à la mémoire du dernier souper de Jésus-Christ”, écrit Helena Petrovna Blavatsky dans son article Les origines du rituel dans l’Eglise et la maçonnerie.

Un des passages les plus marquants de cet article est le suivant :

“Le lecteur fidèle aux enseignements de l’Eglise se sentira-t-il indigné que les chrétiens n’adoptèrent le mode païen d’adoration dans un temple que sous l’ère de Dioclétien? Jusqu’à cette époque, ils éprouvaient une insurmontable horreur des autels et des temples et pendant les 250 premières années de notre ère, les considéraient comme une abomination. Ces chrétiens primitifs étaient vraiment des chrétiens. Les chrétiens modernes sont plus païens qu’aucun des anciens idolâtres.”

Les chrétiens primitifs n’avaient en effet ni temple (église), ni rituels, ni vêtements, etc. Les premières églises ont été batties sur les ruines des temples païens, de la Rome à la Grèce, et même en Égypte et en Éthiopie. Les premiers autels quant à eux furent copiés de l’Ara Maxima de la Rome païenne. Les rites ont été saisies de toutes parts du paganisme et intégrés au christianisme à un point tel qu’il en a désormais la paternité. S’il existe donc des similitudes entre les dieux de Floki et celui d’Athelstan, ce n’est point un hasard. Les chrétiens ont beaucoup emprunté chez les païens, pour ne pas dire copié. C’est tellement vrai qu’aujourd’hui on ne peut s’empêcher d’affirmer qu’ils sont plus païens que les personnes qu’ils qualifient de païens ne l’ont jamais été.

De l’expansion du Christianisme (le catholicisme)

Le catholicisme exposé dans cette série, et qui prospère de nos jours est un christianisme recouvert de la culture romaine. Ainsi par exemple les vêtements portés par les prêtres catholiques ont été copiés des mystères de Mithra qui avaient le vent en poupe dans la Rome antique. Les anciens paiens se servaient de l’eau sainte ou lustrale pour purifier leurs champs, leurs temples, ou encore leurs maisons. Nous voyons chose similaire avec le catholicisme aujourd’hui, et puis avec les autres courants chrétiens descendants du catholicisme. La culture romaine est à son tour calquée sur la Grèce, et cette dernière est calquée sur l’Egypte. Les africains auraient donc été convertis à une autre religion, qui pourtant s’inspire de pratiques et d’usages propres à leur continent.

L’expansion du catholicisme est l’aboutissement d’une méthodologie soignée. Une fois arrivés sur un nouveau territoire les chrétiens convertissaient les gens à leur religion de manière assez pacifique. Ils soumettaient les gens à leur Dieu tout en les permettant de conserver certaines de leurs coutumes. En parallèle ils ont pris dans ces coutumes ce qui servira le mieux à étendre leur cause. C’est ce qui s’est passé à Rome, en Grèce, en Norvège, ou encore en Egypte. Des concessions étaient faites pour ne pas subir la colère des gens et leur déroute, le christianisme étant encore à l’époque en quête de puissance et de notériété. Les chrétiens étaient alors comme ces gens en quête de votes pour devenir chef d’Etat : ils font des promesses et des concessions pour, une fois le but touché, procéder à des revirements qui s’imposent à tous et qui ne tolèrent aucun avis contradictoire. Et cela s’est passé ainsi. Devenus suffisamment puissants ils ont abandonné la case “concession” pour opter à celle de l’imposition. Marche ou crève. On ne faisait plus des concessions avec les autres cultures, on faisait disparaitre leurs religions autant que possible, de la manière la plus sournoise et profitable ; car au final rien n’a été perdu. C’est ce que les pays d’Europe de l’Ouest, baignés dans le christianisme catholique, ont fait avec les territoires du Nord où l’on priait encore Odin the Alfather. Une fois encore, rappelons toujours quedans ce ministère ils ont traité tous ceux qui croyaient en d’autres dieux païens. Quand on sait d’où viennent tout ce qui fonde leur Eglise, on ne peut que sourire.

Vikings est comme je l’ai dit au départ un chef-d’œuvre. Elle nous apprend de grandes choses, au-delà des scènes de bataille, d’exécution, et d’érotisme. Ces dernières nous en apprennent aussi sur leurs mœurs, ça c’est un autre sujet. Rarement j’ai vu présentées de la sorte dans une série ces ressemblances entre christianisme et paganisme. Choses qui poussent à la réflexion, et nous font inéluctablement vaquer sur les origines de nos croyances, particulièrement celles du christianisme.

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Ludovic Baluro

Je parle de tout, pour que cela n'ait plus l'air de rien.